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  ANCIENS PRESIDENTS
 

Félix Houphouët-Boigny

Félix Houphouët-Boigny

Homme d'État ivoirien (Yamoussoukro 1905-Yamoussoukro 1993).

Né au moment de la conquête française, Dia Houphouët, devenu en 1915 Félix Houphouët, puis Houphouët-Boigny en 1945, domine de sa stature l’histoire de la Côte d’Ivoire du xxe siècle. Produit du système colonial, formé à l’action syndicale, puis politique, dans la coopération avec la métropole, il est, de 1960 à 1993, le premier président de la Côte d’Ivoire indépendante. Il s’efforce d’en faire un État-nation unitaire par l’autoritarisme politique et la modernisation économique et sociale. Même si les bases de ce système se fissurent à partir de 1980, il garde jusqu’à sa mort les commandes d’un pays auquel il lègue un avenir incertain.

Du pays baoulé à l’entrée en politique (1905 -1945)

Descendant de notables baoulés, Dia Houphouët, converti au christianisme sous le prénom de Félix en 1915, est formé à l’école de la République française. Comme médecin à partir de 1925, il se signale par sa dénonciation des abus faits aux planteurs africains par la métropole. Devenu en 1939 administrateur de son canton d’origine, il y met en œuvre les principes modernisateurs qu’il appliquera à tout le pays après 1960. Fondateur en 1944 du Syndicat agricole africain, il est en 1945 le seul député autochtone de la Côte d’Ivoire à l’Assemblée constituante française. C’est alors qu’il prend le nom de Houphouët-Boigny (« Bélier »).

L’homme politique incontournable (1945-1960)

Restant député jusqu’à la chute de la IVe République, il conçoit son action politique aussi bien dans le cadre ivoirien, en fondant en 1946 le PDCI (parti démocratique de Côte d’Ivoire), que panafricain, en présidant jusqu’en 1959 le Rassemblement démocratique africain (RDA), et français. D’abord compagnon de route du parti communiste – seule formation politique française anticolonialiste –, il s’en éloigne après 1950. Devenu dès lors l’interlocuteur incontournable de la métropole en Côte d’Ivoire, il est de tous les gouvernements français, de 1956 à 1959. L’un des rédacteurs de la Constitution de la Ve République, favorable à la Communauté franco-africaine prônée par de Gaulle, il se résout néanmoins à proclamer en 1960 l’indépendance de la Côte d’Ivoire, dont il devient, sans surprise, le premier président.

Le président de la Côte d’Ivoire (1960-1993)

Jusqu’en 1980, Houphouët-Boigny règne sans partage sur un pays dont il a réduit toute opposition au silence, par une répression impitoyable. Misant sur la modernisation économique et sociale, il préside au « miracle ivoirien ». Par sa diplomatie panafricaine et pro-occidentale, il se taille une image de « Sage de l’Afrique », qui fait écho à celle du « Vieux », du patriarche bienveillant, qu’il entretient à l’intérieur du pays. Des fissures apparaissent dans ce système cadenassé à l’orée des années 1980, avec le recul des prix des denrées d’exportation et le creusement de la dette extérieure. L’aspiration à la démocratie en profite pour s’exprimer, ce qui le contraint à accepter le pluralisme politique en 1990. La fin de sa présidence est minée par les luttes autour de sa succession et une aggravation de la situation économique qu’il laisse irrésolue à sa mort en 1993.

1. Du pays baoulé à l’entrée en politique (1905 -1945)

1.1. Un descendant de notables baoulés

Selon sa biographie officielle, Dia Houphouët naît le 18 octobre 1905 dans le village de Yamoussoukro, au cœur de ce territoire que la France a érigé en colonie de « Côte d’Ivoire » depuis 1893, avant même d’en connaître avec exactitude les contours et les populations. Comme son peuple, les Baoulés, est de culture orale et ignore l’état civil, un doute subsiste sur cette date de naissance, que certains proposent de repousser jusqu’en 1898.

Par sa mère, il descend d’une lignée de chefs animistes, ce qui lui permet de maîtriser parfaitement les codes de la culture baoulée, sur lesquels il fondera toujours sa conception des relations publiques. En 1910, à l’assassinat de son oncle maternel Kouassi N’Go, accusé de collusion avec les Français, il devient l’héritier présomptif de la chefferie des Baoulés-Akousés, du fait du décès prématuré de son père (sur lequel des incertitudes demeurent : peut-être était-ce un musulman originaire du Soudan français, actuel Mali).

1.2. Un produit de la méritocratie républicaine (1915-1925)

Dia fréquente l’école du poste militaire de Bonzi, situé près de son village. Compte tenu de son rang, et malgré les réticences familiales, il est envoyé par l’administration coloniale à l’école primaire supérieure de Bingerville en 1915. La même année, il adopte le prénom de Félix en se convertissant au christianisme, qu’il considère comme la religion porteuse du progrès et un barrage contre l’islamisation de la société.

Élève studieux, sinon excellent, il poursuit ses études à l’école normale William-Ponty de Gorée, où il obtient le diplôme d’instituteur en 1921, puis à l’école de médecine de Dakar, capitale de l’Afrique-occidentale française (A-OF) à laquelle est intégrée la Côte d’Ivoire. Il en sort major de sa promotion en 1925.

1.3. Un médecin engagé (1925-1939)

Devenu « médecin africain » au sein de l’Assistance médicale indigène, il est reconnu par ses supérieurs pour sa disponibilité, sa curiosité universelle, mais est aussi décrit comme très sûr de lui sous des dehors réservés. De plus, ses activités syndicales déplaisent. Promu en 1929 à Abengourou, sur un poste jusque-là réservé aux Européens, il s’y insurge contre les injustices faites aux planteurs africains de cacao avec l’assentiment de l’administration coloniale et publie en 1932 son premier article engagé, « On nous a trop volés », dans un éditorial socialiste, « Le Trait d’union ». Comme ses interventions publiques se multiplient, son chef de service finit par lui demander de choisir entre sa profession et son engagement dans la politique locale.

1.4. Le chef de canton des Baoulés-Akoués (1939-1944)

Le choix lui est finalement imposé en 1939 par la mort de son frère Augustin, en faveur duquel il s’était désisté de la chefferie de son village natal de Yamoussoukro en 1933, et auquel il succède finalement, ce qui le met à la tête d’un canton de 36 villages du peuple akoué. Il prend aussi en charge la plantation familiale, qu’il va développer jusqu’à devenir l’un des plus riches planteurs ivoiriens.

Àla tête de son canton, Félix Houphouët met en œuvre des idées modernisatrices : scolarisation, hygiène, soins de santé, généralisation de la culture du café et du cacao (qui prédomine dans la moitié sud de la Côte d’Ivoire). Il doit également faire face aux réquisitions de main-d’œuvre et de produits locaux ordonnées par l’administration française. Leur aggravation, avec l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale, le pousse vers le syndicalisme agricole.

1.5. Du syndicalisme à la députation (1944-1945)

Le 3 septembre 1944, il fonde, avec l’accord de la colonie, le Syndicat agricole africain (SAA), anticolonialiste et antiraciste, qui revendique la hausse des salaires et l’abolition du travail forcé, et devient rapidement un mouvement de masse, regroupant quelque 20 000 planteurs.

C’est fort de cette représentation publique qu’il se porte candidat au seul mandat de député autochtone ivoirien à l’Assemblée constituante française. Élu le 18 novembre 1945, il décide, pour son entrée en politique, d’ajouter « Boigny » (« bélier ») à son patronyme, et devient enfin Félix Houphouët-Boigny.

2. L’homme politique incontournable (1945-1960)

2.1. Entre France, Côte d’Ivoire et Afrique

Constamment réélu député jusqu’à la chute de la IVe République, le député ivoirien en devient un acteur politique de premier plan. Membre de la Commission des territoires d’outre-mer à l’Assemblée, il cherche à faire passer dans la législation française les principes du SAA, et préconise la réforme du système de santé, avant d’attacher son nom à la loi du 16 avril 1946 qui abolit le travail obligatoire dans les colonies. Il réclame à de nombreuses reprises, mais en vain, une meilleure représentation politique des territoires d’outre-mer, par la création d’assemblées locales.

Houphouët-Boigny n’en reste pas moins un homme politique ivoirien et africain. Le 30 avril 1946, il transforme son comité électoral en un parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui devient le fer de lance d’un mouvement panafricain, le Rassemblement démocratique africain (RDA), fondé le 18 octobre à Bamako. Il le présidera jusqu’en 1959.

2.2. Le compagnon de route des communistes (1945-1950)

C’est pour soutenir leurs revendications et par nécessité de s’affilier à un grand parti existant pour pouvoir former un groupe à l’Assemblée nationale que les députés africains se sont rapprochés du puissant parti communiste français (PCF), alors seule formation ouvertement anticolonialiste. Houphouët-Boigny en adopte la phraséologie enflammée, ce qui le fait décrire par les autorités coloniales comme un « dangereux activiste antifrançais », alors qu’il est encore bien loin de souhaiter couper les ponts avec la métropole.

Ce « compagnonnage de route » avec les communistes se révèle de plus en plus encombrant quand, en 1947, ceux-ci passent dans l’opposition, alors que le PDCI-RDA multiplie les grèves et les manifestations d’hostilité au régime colonial. Après les incidents du quartier de Treichville, à Abidjan, qui font plusieurs morts, en 1949, la répression s’abat sur le parti de Houphouët-Boigny. L’année suivante, pour sortir de l’impasse, celui-ci décide de rompre avec les communistes (octobre 1950).

2.3. La sortie du purgatoire (1950-1956)

Si cette décision le fâche avec plusieurs autres responsables du RDA, comme le Camerounais Um Nyobé, elle lui permet en revanche d’être reconnu comme le principal interlocuteur des autorités coloniales. En 1953, il est porté à la présidence de l’Assemblée territoriale de Côte d’Ivoire. Cultivant les amitiés dans les milieux d’affaires français et suisses, il devient dans ces années le plus important planteur de café et de cacao de la Côte d’Ivoire. Il faudra néanmoins attendre 1956 pour que le PDCI-RDA sorte définitivement de cette période de purgatoire en remportant un succès électoral éclatant. La même année, son leader devient maire d’Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire.

2.4. Le ministre français (1956-1959)

Désormais proche du centre gauche, Houphouët-Boigny entre en février 1956 dans le cabinet du socialiste Guy Mollet comme ministre délégué auprès du ministre de la France d’outre-mer. Il sera de tous les gouvernements français jusqu’en décembre 1959, comme ministre de la Santé publique et de la Population ou, à quatre reprises, comme ministre d’État.

À ce titre, il conçoit avec Gaston Defferre la loi-cadre de 1956 qui établit les fondements de l’autonomie des colonies françaises d’Afrique noire. Cela lui vaut l’inimitié du leader sénégalais Léopold Sédar Senghor, qui l’accuse de vouloir « balkaniser » l’Afrique. Cette position est suivie par la plupart des leaders du RDA au congrès de Bamako (1957), au cours duquel Houphouët-Boigny est mis en minorité. Cela ne l’empêche pas de conforter la position du PDCI qui, au sortir des élections de 1957 à l’Assemblée territoriale de Côte d’Ivoire, se retrouve dans une situation de monopole, les autres formations, laminées, ayant préféré se saborder.

2.5. De la Communauté à l’indépendance (1959-1960)

Revenu au pouvoir en 1958, de Gaulle fait de Houphouët-Boigny l’un des principaux rédacteurs de la Constitution de la Ve République et l’un des plus fervents avocats de son projet de Communauté franco-africaine présenté en juillet. Dans la pratique, l’espoir du maintien d’étroites relations avec la métropole dans le cadre de l’autonomie administrative va rapidement s’évanouir. D’abord par l’expérience de la Côte-de-l’Or (actuel Ghana) anglaise qui a proclamé son indépendance dès 1957, et que Houphouët-Boigny met en garde contre les dangers de l’émancipation politique sans émancipation économique. Ensuite par la Guinée de Sékou Touré, première colonie française d’Afrique noire à suivre l’exemple du Ghana en 1958.

Premier ministre depuis 1959 d’une Côte d’Ivoire encore associée à la France, Houphouët-Boigny, dépité de voirle général de Gaulle briser le rêve de la Communauté en accordant la souveraineté internationale à plusieurs colonies africaines, se résout, presque malgré lui, à proclamer l’indépendance de son pays, le 7 août 1960.

3. Le président de la Côte d’Ivoire (1960-1993)

3.1. Les années fastes du pouvoir personnel (1960-1980)

Une présidence sans partage

Acteur incontournable des luttes politiques depuis quinze ans, c’est tout naturellement qu’il est élu – seul candidat – président de la République le 27 novembre 1960. Constamment réélu, il occupera cette fonction jusqu’à sa mort en 1993. En apparence, le régime politique, fondé sur la Constitution du 3 novembre, est libéral et pluraliste. Dans les faits, le PDCI joue le rôle d’un parti unique, mais totalement inféodé au président, qui désigne lui-même les députés de l’Assemblée nationale, réduite à être une simple chambre d’enregistrement.

Affirmant « préférer l’injustice au désordre », Houphouët-Boigny réduit toute opposition au silence. Tous les mouvements sécessionnistes, dans un pays aux frontières artificielles, sont réprimés dans le sang, de la rébellion du pays agni, dans le Sud-Est, en 1959-1960, à celle des Guébiés du Centre-Ouest, en 1970-1971. De 1962 à 1964, pour lutter contre de prétendus complots contre la sûreté de l’État, les prisonniers politiques se comptent par milliers, anciens adversaires comme anciens compagnons de lutte du président, universitaires, fonctionnaires et même paysans. Les cas de tortures et de meurtres se multiplient, dans un système de délation généralisée. Les séquelles en seront nombreuses, malgré l’amnistie proclamée en 1967.

Pour prévenir une renaissance des oppositions, Houphouët-Boigny s’appuie sur les nouvelles classes moyennes issues des progrès économiques. Ce sont ces gestionnaires des entreprises d’État et ces cadres moyens de l’administration qui doivent assurer la relève, à l’exemple de son futur successeur, Henri Konan Bédié.

Le « miracle ivoirien »

Pour le président, la priorité est au développement économique et social, qui rendra plus supportable l’autoritarisme politique. De fait, pendant vingt ans, les réussites s’accumulent : le PIB par habitant passe de 186 dollars en 1960 à 1 045 dollars en 1980.

Ce « miracle ivoirien » repose sur trois piliers. D’abord, une politique forcenée d’aménagement du territoire : les investissements étrangers dans les infrastructures sont encouragés par des largesses fiscales et la liberté d’expatriation de tous leurs bénéfices. Ensuite, priorité est donnée au secteur agricole. À ses piliers traditionnels que sont, dans le Sud, le café, le cacao et l’exploitation forestière, s’ajoute, à partir du milieu des années 1970, une diversification qui doit rééquilibrer les profits vers le nord : coton, canne à sucre et soja. Ce dynamisme économique fait de la Côte d’Ivoire un pays fortement attractif, avec une proportion de 28 % d’étrangers en 1988, aux droits quasi-équivalent à ceux des nationaux, où Français et surtout Libanais forment un important contingent à côté des Africains de l’Ouest. Enfin, la politique sociale est à l’avenant : le taux de scolarisation bondit de 8 % en 1959 à 64 % en 1990, tandis que l’espérance de vie passe, dans le même temps, de 33 à 57 ans. La Côte d’Ivoire est en tête des anciennes colonies françaises par sa richesse et son développement. Et, pour la plupart de ses compatriotes, son président est le « Vieux », figure bienveillante et rassembleuse du patriarche.

Le « Sage de l’Afrique »

Cette image d’homme de paix est aussi celle qu’il projette à l’extérieur par une politique internationale pourtant non dénuée d’ambiguïtés. Fervent partisan de la coopération interafricaine, il prône, au sein de l’OUA (Organisation de l’unité africaine →  UA) le respect des frontières héritées de la colonisation. Mais son soutien inconditionnel au bloc occidental le conduit pourtant à soutenir la sécession du Biafra contre le gouvernement socialiste du Nigeria, entre 1964 et 1970. C’est dans la même logique qu’il finance, dans la guerre civile qui déchire l’Angola à partir de 1975, l’Unita contre le MPLA aidé par l’URSS et Cuba. En Afrique du Sud, d’un même élan il dialogue avec le gouvernement raciste de l’apartheid et finance ses opposants de l’ANC.

Dans la stricte continuité de son attitude d’avant l’indépendance, Houphouët-Boigny est surtout l’homme de la « Françafrique » (expression qui lui est peut-être dûe), c’est-à-dire d’une coopération étroite avec l’ancienne métropole, qui fait de lui l’avocat incontournable des intérêts français en Afrique… et le bénéficiaire, à titre privé, de ses largesses.

3.2. La montée des tensions (1980-1993)

Les fissures du miracle ivoirien

Au cœur même des années de prospérité, le système accusait des faiblesses : augmentation de la dette extérieure suscitée par des investissements de prestige (barrage de Kossou, embellissement d’Abidjan et du village natal du président, Yamoussoukro, dont il fait officiellement la capitale politique en 1983, et où s’élève bientôt une basilique monumentale, réplique de Saint-Pierre de Rome, inaugurée en 1990), corruption généralisée, inégalités sociales croissantes, surtout au détriment des campagnes, contestations scolaires et universitaires récurrentes.

Le malaise endémique va être brutalement révélé par le recul des prix des denrées d’exportation, au début des années 1980, conjugué avec une sécheresse et des incendies de forêts dévastateurs. La dette extérieure se creuse et contraint le président à se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qui lui imposent de comprimer ses dépenses sociales, ses subventions aux entreprises publiques et au monde paysan.

La situation devenant explosive, Houphouët-Boigny annonce en 1987 la suspension unilatérale des remboursements de la dette extérieure et l’embargo sur les exportations de cacao. Cette « guerre du cacao » lui aliène ses appuis extérieurs, satisfaits jusqu’alors par son libéralisme scrupuleux. Quand il renonce à l’embargo, fin 1988, le pays est au bord de la banqueroute et la crise sociale a précipité la crise politique.

The second President of the Ivory Coast- Henri Konan BedieAimé Henri KONAN BÉDIÉ
Président du PDCI-RDA, ancien Président de la République

Biographie

Succéder à un grand homme n`est jamais chose aisée. Aimé Henri Konan Bédié l`a expérimenté. Lui qui a eu la lourde tâche de diriger la Côte d`Ivoire au décès du père de la Nation, Félix Houphouët-Boigny. Entre la gestion de l`héritage du "Vieux" et la mise en chantier des "douze travaux de l`Eléphant d`Afrique", Bédié a eu du pain sur la planche, d`abord avec la sortie du Rassemblement des républicains (RDR) des entrailles de l`ex-parti unique, le PDCI-RDA, ensuite du fait des assauts répétés d`une opposition aux dents longues conduite par un certain Koudou Laurent Gbagbo, et enfin, du fait d`une très mauvaise conjoncture économique qui avait fait des victimes de taille à travers le monde. C`est l`armée qui aura raison du pouvoir du Sphinx de Daoukro, un certain 24 décembre 1999. Et la Côte d`Ivoire plongea dans l`abîme, la tête la première. Une décennie plus tard, les efforts conjugués des amis de la Côte d`Ivoire et des Ivoiriens déçus de l`aventure politique, feront poindre le bout du tunnel. Les Ivoiriens, fatigués de patauger dans la pénombre de la misère et de l`incompétence, s`activent pour lui rendre le pouvoir. Henri Konan Bédié réussira-t-il son come back? Il y croit en tout cas. Alors, Wait and see.

Le Président Henri Konan Bédié a su rassembler les Ivoiriens dans l`unité, en insistant sur l`identité nationale, en renforçant la conscience d`appartenance non seulement á un Etat national mais aussi á une communauté soudée par une culture et une histoire.
Il leur a donné l`espérance en les conduisant sur les voies de la croissance et du renouveau et en leur montrant l`avenir jusqu`à l`horizon 2025. Cet avenir se lisait déjà dans les dix grands chantiers de réforme et d`action mis en œuvre et qui devraient conduire à un développement durable au service d`un progrès social hardi.

Homme de paix et de dialogue, Henri Konan Bédié est un des rares présidents africains à avoir à plusieurs reprises pardonné à ses ennemis et à ses adversaires potentiels et surtout à avoir gouverné sans verser le sang de ses concitoyens.

Sur le plan international, il a assuré une présence rayonnante à la Côte d`Ivoire en élargissant le cercle de ses relations extérieures, en contribuant activement à la sauvegarde et au maintien de la paix en Afrique et dans le monde. Henri Konan Bédié est aussi un penseur.

Il a consigné ses idées et ses réflexions dans ses discours réunis en volumes et dans trois ouvrages : Paroles et La nouvelle société aux frontières du développement publiés en 1995, Les chemins de ma vie en 1999.

De l`ivoirité, conceptualisation de la quête culturelle et identitaire des Ivoiriens à l`échange inégal entre pays développés et sous-développés, de l`unité africaine aux problèmes de développement, de l`analyse historique de nos société traditionnelles aux problèmes de l`Etat et de la démocratie, il existe peu de sujets dont il n`ait tiré une philosophie générale et une politique. Il est permis de discuter ses idées.

Il est difficile de contester qu`il en a. Et la politique, ce sont d`abord des idées. Ainsi, c`est un homme de pensée et d`action, un démocrate épris de dialogue et de paix, un nationaliste soucieux du progrès et du rayonnement de son pays, pour tout dire un homme d`Etat moderne qui sollicite à nouveau le suffrage des Ivoiriens, sous la bannière du Parti démocratique de la Côte d`Ivoire (PDCI-RDA), parti de l`expérience et de l`espérance.
Il faut à la Côte d`Ivoire un Président moderne pour réaliser son grand rêve de progrès continu et de bonheur partagé.

En 2011,quand on demande à Henri Konan Bédié (77 ans) s’il est le nouveau sage de Côte d’Ivoire, il botte en touche. Mais une chose est sûre : le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et de la conférence des présidents du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle) profite d’une nouvelle jeunesse.

Impénétrable comme un roi akan (le groupe ethnique dont il est issu), Bédié n’affiche pas ses ambitions.
Mais il pourrait diriger le probable parti unifié des houphouétistes. Pour l’heure, son domicile de Daoukro est devenu le passage obligé des ambitieux de tout bord. Ainsi, c’est après lui avoir rendu visite que certains ont vu leur nom disparaître de la liste noire du procureur Simplice Kouadio Koffi, qui enquête sur les événements postélectoraux. Le troisième pont d’Abidjan, en construction, porte le nom de l’ancien chef de l’État (1993-1999), selon la volonté de Ouattara. Passage à la postérité garanti. Quoi qu’il en dise, le « Sphinx de Daoukro » n’est pas loin de devenir le « Sage de Côte d’Ivoire ».


Curriculum Vitae C`est le 5 mai 1934 que Henri Konan Bédié vit le jour à Dadiékro dans le département de Daoukro.

Il fait de brillantes études primaires et secondaires en Côte d`Ivoire. Après l`obtention de son baccalauréat scientifique en 1954, il poursuit ses études supérieures à l`université de Poitiers en France. Il obtient successivement la licence en droit, deux diplômes d`études supérieures en économie politique et le certificat d`aptitude à la profession d`avocat.

Il soutiendra avec succès, en 1969, une thèse de doctorat d`Etat en sciences économiques.
Ces années d`études sont aussi celles du syndicalisme estudiantin dont Henri Konan Bédié fut un des leaders remarqués et du militantisme politique dans le cadre de la lutte anti-coloniale.

Il rencontre aussi Henriette Bomo Koizan qu`il épouse en 1957 et qui sera la compagne fidèle de sa vie. Le couple a quatre enfants tous majeurs.

Dès son retour en Côte d`Ivoire, en 1958, Henri Konan Bédié assume les fonctions de directeur à la Caisse de Prévoyance sociale et des Prestations familiales et contribue à jeter les bases du système de sécurité sociale ivoirienne. Son ardeur au travail ainsi que ses qualités de sérieux, de modestie, d`intégrité lui valent la confiance et l`estime du Président Félix Houphouët-Boigny.

Nommé premier ambassadeur de la Côte d`Ivoire indépendante aux Etats-Unis d`Amérique et au Canada, il assure la présence ivoirienne sur la scène internationale et s`emploie à développer les relations économiques et financières avec le continent nord-américain.

Fort de ces bons résultats, Henri Konan Bédié est appelé au poste de ministre des affaires économiques et financières qu`il occupe sans discontinuer de 1966 à 1977.
Il est l`artisan de la croissance économique exceptionnelle de la Côte d`Ivoire, qualifiée de " miracle ivoirien ". Comme ministre des Finances, son autorité professionnelle devient internationale.

Il préside aux destinées de nombreuses organisations communes africaines et internationales. Président en 1974 des Assemblées annuelles du FMI/BIRD.

Premier Président du Comité joint FMI/BIRD (1974-1976). Conseiller à la Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale alors présidée par Robert Mac Namara, il contribue á la promotion des investissements privés en Afrique noire.
Revenu en Côte d`Ivoire, il est élu député et maire de Daoukro. Il est également élu Président de l`Assemblée nationale qu`il dirige avec talent de 1980 à 1993.
A la mort du Président Félix Houphouët-Boigny, le 7 décembre 1993, il accède á la magistrature suprême en vertu de l`article 11 de la constitution ivoirienne.
Son passage à la tête de l`Etat ivoirien, de 1993 à 1999, est caractérisé par une vigoureuse relance économique et de nombreuses réformes de structure pour moderniser le pays.
Henri Konan Bédié

Biographie du Géneral Guéï Robert

guei.jpgRobert Gueï

Robert Gueï

Né le 16 mars 1941 à Kabacouma, au centre ouest du pays, d’ethnie Yacouba, Robert Gueï a toute sa vie été un soldat. Enfant de troupe à l’âge de douze ans, il suit une formation militaire à Ouagadougou (Burkina-Faso), puis à l’Ecole militaire de Saint-Cyr Coëtquidan.
Revenu en Afrique, il est promu sous-lieutenant, puis lieutenant en 1967, capitaine en 1971, commandant en 1975, lieutenant-colonel en 1978 et son ascension militaire trouve son terme en 1991 avec le grade de général de brigade. Il est alors chef d’état-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI).
Son nom apparaît au public lors d’une expédition punitive qu’il a ordonnée en réaction à une révolte étudiante au campus universitaire de Yopougon en juin 1991.
Soupçonné d’avoir fomenté un coup d’Etat en 1995 pour renverser Henri Konan-Bédié, il est mis en retraite anticipée en 1996 et se retire dans son village natal. Le 24 décembre 1999, un nouveau putsch le porte à la tête de l’Etat où il demeurera jusqu’à l’élection présidentielle d’octobre 2000 remportée par Laurent Gbagbo.
Le général Robert Gueï est assassiné lors de la mutinerie du 19 septembre 2002.

Par glouadi le 23 juillet, 2010 dans Non classé

 

 

La fin de la présidence solitaire

Sûr de sa position, Houphouët-Boigny s’était autorisé à partir de 1980 une expérience de démocratie « à l’ivoirienne », en autorisant les candidatures multiples aux élections (exception faite de la présidentielle), à condition qu’elles émanent toutes du parti unique, le PDCI ! À la fin des années 1980, les opposants, muselés ou exilés depuis les années 1960, ne se satisfont plus de ce trompe-l’œil. La crise économique et le vent de démocratisation qui souffle depuis l’Europe de l’Est les encourage à revendiquer ouvertement le pluralisme politique.

Le 30 avril 1990, Houphouët-Boigny se résigne à leur donner satisfaction. Les partis politiques clandestins sortent de l’ombre, comme le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, qui se présente en octobre à l’élection présidentielle contre le « Vieux ». Même si ce dernier l’emporte encore, il laisse l’essentiel de la gestion à un Premier ministre, Alassane Ouattara, que les institutions financières internationales lui ont pratiquement imposé. Miné par un cancer de la prostate, le président se décide à organiser sa succession en désignant le président de l’Assemblée nationale, Henri Konan Bédié, pour terminer son mandat en cas de vacance. Mais le conflit couve entre les potentiels héritiers politiques, tandis que l’armée, que Houphouët-Boigny avait jusque-là volontairement tenue à l’écart au profit de sa police politique, s’agite dans les casernes. Lorsqu’il s’éteint, le 7 décembre 1993, l’avenir de la Côte d’Ivoire s’annonce bien incertain.

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Laurent Gbagbo

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Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo
Fonctions
3e président de la République de Côte d'Ivoire
26 octobre 200011 avril 2011
(10 ans, 5 mois et 16 jours)
Élection 22 octobre 2000
Premier ministre Pascal Affi N'Guessan
Seydou Diarra
Charles Konan Banny
Guillaume Soro
Gilbert Marie N'gbo Aké
Prédécesseur Robert Guéï (président du Comité national de Salut public)
Successeur Alassane Ouattara
Biographie
Surnom Woody de Mama
Le boulanger d'AbidjanN 1
Date de naissance 31 mai 1945 (69 ans)
Lieu de naissance Mama (AOF)
Nationalité ivoirienne
Parti politique Front populaire ivoirien
Conjoint Jacqueline Chamois
Simone Ehivet
Nadiana Bamba (deuxième épouse traditionnelle)
Diplômé de Université d'Abidjan
Profession Historien
Professeur
Chercheur
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Laurent Gbagbo
Présidents de la République de Côte-d'Ivoire

Laurent Gbagbo, né le 31 mai 1945 à Mama, près de Gagnoa (Côte d'Ivoire), est un homme d'État, historien et écrivain ivoirien.

Longtemps opposant à Félix Houphouët-Boigny, il est élu pour un mandat de cinq ans en 2000, face à Robert Guéï, à la présidence de la République de Côte d'Ivoire, fonction qu'il occupe du 26 octobre 2000 au 4 décembre 2010 (jusqu'au 11 avril 2011 selon ses partisans). Son mandat est notamment marqué pendant plusieurs années par une crise politico-militaire qui coupe le pays en deux.

L'élection présidentielle de 2010, qu'il a repoussée à six reprises, l'oppose à Alassane Ouattara : à l'issue de ce scrutin, il est considéré comme battu par la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale, mais déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Il refuse alors de quitter le pouvoir, ce qui entraîne une crise de plusieurs mois. Il est finalement arrêté par les forces d'Alassane Ouattara le 11 avril 2011 et incarcéré auprès de la Cour pénale internationale à La Haye depuis le 30 novembre 2011.

Jeunesse

Famille

Laurent Gbagbo est né le 31 mai 1945 à Gagnoa, en Côte d'Ivoire. Il voit le jour au sein d'une famille catholique modeste, originaire du grand-ouest ivoirien. Son père, Paul Koudou Gbagbo, est sergent de police1 et sa mère, Marguerite Gado, originaire du village bété de Blouzon, est ménagère. Son père est blessé et fait prisonnier par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale2 et est décoré à ce titre de la « reconnaissance de la Nation française » le 8 mai 20033,4.

Laurent Gbagbo est marié à Simone Ehivet, avec laquelle il a deux filles.

Il a un fils, Michel, d'un premier mariage avec la Française Jacqueline Chamois.

Formation

Gbagbo commence ses études à l'école primaire publique Plateau, à Agboville, où son père exerce sa profession1.

Il obtient son baccalauréat de philosophie au Lycée classique à Cocody, en 1965, puis une licence d'histoire à l'université d'Abidjan en 1969. Il devient en 1970 professeur d'histoire au lycée classique d'Abidjan. Chercheur à l'Institut d'histoire, d'art et d'archéologie africaine (IHAAA) à partir de 1974, il est également titulaire d'une maîtrise d'histoire de la Sorbonne. Il soutient enfin, en juin 1979, une thèse de « docteur d'université » (grade qui pouvait être attribué à un étudiant n'ayant pas suivi les cours de DEA indispensables pour soutenir une thèse de « docteur d'État ») en histoire intitulée Les Ressorts socio-économiques de la politique ivoirienne : 1940-19605.

Militant politique

Opposant à Félix Houphouët-Boigny

Membre du Syndicat national de la recherche et de l'enseignement supérieur (SYNARES), ce syndicaliste actif dans les années 1970 est emprisonné à Séguéla et Bouaké de mars 1971 à janvier 1973. Devenu directeur de l'IHAAA en 1980, il se révèle lors des manifestations étudiantes du 9 février 1982, qui provoquent la fermeture des universités et des grandes écoles. C'est durant cette année que naît dans la clandestinité le futur Front populaire ivoirien (FPI).

Parti en exil en France en 1985, il cherche à promouvoir le FPI et son programme de gouvernement visant à lutter contre la dictature du Parti démocratique de Côte d'Ivoire, alors parti unique, à et promouvoir le multipartisme. Idéologiquement proche du Parti socialiste français, il se lie d'amitié avec Guy Labertit, membre du Parti socialiste unifié, du fait de son opposition à Félix Houphouët-Boigny.

Houphouët-Boigny s'inquiète de voir Gbagbo développer un réseau de contacts et trouve que « son remuant opposant serait beaucoup moins encombrant à Abidjan qu'à Paris »6. Fortement pressé de rentrer au pays6, Gbagbo retourne finalement en Côte d'Ivoire le 13 septembre 1988, Houphouët-Boigny ayant implicitement accordé son pardon en déclarant que « l'arbre ne se fâche pas contre l'oiseau »7. Devenu secrétaire général du FPI lors du congrès constitutif des 19 et 20 novembre 1988, il se présente à l'élection présidentielle du 28 octobre 1990 qui est marquée par la première candidature face à celle du président Félix Houphouët-Boigny ; Gbagbo remporte 18,3 % des suffrages, ce qui lui confère le statut de chef de l'opposition. Les élections législatives du 25 novembre de la même année sont les premières placées sous le signe du multipartisme ; le FPI y obtient neuf sièges sur 175, Gbagbo lui-même étant élu dans la circonscription de Ouaragahio, où se trouve sa ville natale8.

En mai 1991, puis en février 1992 ont lieu d'importantes manifestations étudiantes. Le 18 février, le premier ministre Alassane Ouattara fait arrêter Laurent Gbagbo, après avoir fait signer la veille au chef de l'État une loi anti-casseurs9. Il est condamné le 6 mars 1992 à deux ans de prison10 ; il est finalement libéré en août de la même année.

Présidence Bédié

En 1995, Laurent Gbagbo appelle au boycottage de l'élection présidentielle prévue le 22 octobre en raison de la réforme du Code électoral. Henri Konan Bédié, président de l'Assemblée nationale et successeur constitutionnel du défunt président Félix Houphouët-Boigny, est élu avec 96,44 % des suffrages.

Lors des élections législatives partielles tenues le 30 décembre 1996, Gbagbo est réélu dans sa circonscription, le FPI remportant cinq des huit sièges à repourvoir.

Désigné candidat officiel du FPI lors du troisième congrès du parti, organisé du 9 au 11 juillet 1999, il se présente à l'élection présidentielle du 22 octobre 2000 contre le général Robert Guéï qui a renversé le président Bédié le 24 décembre 1999. Cette élection est marquée par l'élimination par la Cour suprême de plusieurs candidatures, dont celle d'Alassane Ouattara — pour cause de « nationalité douteuse », faux et usage de faux sur la filiation — et de l'ancien président Bédié. Les résultats donnent Gbagbo vainqueur face à Guéï, qui les conteste. Des heurts s'ensuivent11. Gbagbo devient président le 26 octobre, Guéï reconnaissant la légitimité de Gbagbo le 13 novembre. Lors des élections législatives du 10 décembre, le FPI apporte à Gbagbo une majorité de 91 sièges, contre 70 au PDCI et seize indépendants8.

Présidence de la République

Une fois arrivé au pouvoir, Laurent Gbagbo met en œuvre une politique dont l'objectif initial est de permettre l'enrichissement de l'ensemble des Ivoiriens, et pas seulement certaines catégories aisées, très minoritaires, de la société ivoirienne12. Il s'agit, en outre, de tourner la page de la croissance sans développement, caractéristique de l'ère de Félix Houphouët-Boigny. Cette politique, dite de refondation13, est fortement teintée de socialisme, de nationalisme identitaire et d'anticolonialisme, particulièrement à l'égard de la France14.

Si le bilan de Laurent Gbagbo est considéré comme globalement négatif, bon nombre d'observateurs soutiennent qu'il est compliqué de le juger comme l'unique responsable des difficultés du pays entre septembre 2002 et novembre 2010. En effet, d'une part les capacités de gestion des affaires de l’État ivoirien se sont dégradées, avec la partition du pays et l'apparition d'une économie parallèle à grande échelle, et d'autre part la participation de ministres issus d'autres formations politiques tels que le PDCI ou le RDR à plusieurs gouvernements pendant cette période n'a aucunement empêché à la mal-gouvernance et à la corruption de se développer15.

Écoles primaires et secondaires gratuites

Parmi les réformes majeures, le nouveau gouvernement de Laurent Gbagbo met en place en décembre 2000 l'école primaire et secondaire gratuite16, supprimant les uniformes scolaires et les frais de scolarité (pour les enfants du primaire), et permet la distribution de matériel scolaire pour les familles démunies. Malgré le fait que ces mesures n'ont pas été étendues à l'ensemble du territoire et la pénurie d'enseignants, elles ont contribué à augmenter le taux d'alphabétisation et d'éducation des Ivoiriens en encourageant les parents à envoyer leurs enfants à l'école17.

Normalisation des factures

Lambert Feh Kessé, en tant que directeur général des impôts, impose peu de temps après la normalisation des factures, afin de lutter contre l'économie informelle, et ce malgré de nombreuses manifestations de mécontentement18.

Abolition de la censure

Le nouveau gouvernement entame également l'abolition du délit de presse et de toute censure à l'égard des médias et des journalistes. Si cela permet aux journalistes d’exprimer pleinement leurs opinions et leurs analyses19, ceci a en réalité eu pour effet de dégrader le climat de l'information dans le pays et de développer un fort partisanisme au sein des médias20,21. Ceux-ci ont commencé à se faire le relais de rumeurs, de diffamations et d'attaques politiques plus violentes, à tel point que les attaques contre les journalistes ont par la suite sensiblement augmenté.

Violences et discriminations ethniques

Les universités publiques ivoiriennes deviennent rapidement le lieu de violences et d'exactions, en particulier de la part de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire, devenue une milice au service du pouvoir en place avec à sa tête Charles Blé Goudé. Ce dernier encouragea des pratiques violentes22, voire meurtrières tels que l'officieux « article 125 »23. Professeurs, élèves et journalistes sont de plus en plus violentés dès lors que le syndicat étudiant ou le pouvoir fait l'objet de remarques ou de critiques. La tricherie, la facilité, la corruption deviennent progressivement le mode d’admission aux examens et aux concours18,24.

D'après Human Rights Watch, Laurent Gbagbo a, pendant son mandat, considérablement favorisé les groupes ethniques lui étant loyaux, au détriment des autres groupes ethniques du pays23,25. Il use des concepts d'ethnicité et de citoyenneté dans le but de stigmatiser les Ivoiriens du Nord ou les immigrés d’Afrique de l’Ouest, qui sont alors considérés comme des « étrangers » dangereux par les partisans de Laurent Gbagbo, alors même que ces personnes ont passé toute leur vie en Côte d’Ivoire, souvent dans des villes du Sud comme Abidjan, très éloignées de leur région ethnique d’origine23,25.

Dégradation des infrastructures et insalubrité urbaine

Pendant l'ensemble du mandat de Laurent Gbagbo, les infrastructures du pays cessent peu à peu d'être entretenues26 : la plupart des bâtiments, appartenant essentiellement à l'État, se dégradent au fil du temps27.

Le réseau routier a considérablement vieilli, faute d’entretien pendant plusieurs années, et ce malgré plusieurs initiatives (création de l'Ageroute et du Fond d'entretien routier, prolongement de l'autoroute du Nord, lancement de quelques chantiers par la suite interrompus, faute de crédits). Nombreux sont les nids de poule qui se forment sur les autoroutes et dans les centres-villes sans qu'ils ne soient réparés18,28,29, tandis que certains carrefours ne sont plus praticables les jours de pluie à cause de la désaffection des évacuations d'eaux de pluie.

L'insalubrité urbaine augmente sensiblement, de par une très mauvaise gestion des déchets30,31, et dû au fait que les entreprises de nettoyage et de collectes des ordures ne peuvent plus opérer de façon régulière, faute de paiements de la part de l'administration18,32,33. Vers la fin du mandat, le secteur de l'énergie ne permet plus d'approvisionner l'ensemble du pays en électricité de façon satisfaisante. Les délestages deviennent fréquents, jusqu'à plusieurs fois par jour. Enfin, les services des hôpitaux publics se sont dégradés sensiblement34,35 et sont devenus incapables de faire face à la demande, occasionnant parfois des morts par manque de traitement36,37. Les universités publiques ivoiriennes ne sont pas mieux loties, souffrant d'un état de délabrement plus avancé38.

Amplification de la corruption

La corruption, implantée depuis longtemps dans le pays, s'amplifie sensiblement notamment dans la filière café-cacao, dont la libéralisation profite finalement aux « barons » et à leur entourage et non aux producteurs18,39. De nombreuses actions sont entreprises sans aucun contrôle de la part de l'État ivoirien, tandis que le pays devient une destination de choix pour le blanchiment d'argent, la création de sociétés-écrans, ou les escroqueries à la Nigériane. Plusieurs milliards de francs CFA sont détournés dans plusieurs entreprises publiques tandis que les sommes perçues par les agents de ces entreprises ne sont pas toujours reversées à l'État. Les pots-de-vin sont également devenus monnaie courante au sein des services publics ivoiriens.

Crise politico-militaire

Le 19 septembre 2002, des soldats rebelles, disposant d'un armement de qualité dont le financement reste d'origine inconnue, et venant du Burkina Faso voisin40 attaquent des villes du pays pour réaliser un coup d'État alors que le président est à Rome. La situation tourne rapidement à un conflit entre le Sud (tenu par le gouvernement) et le Nord (tenu par les rebelles), qui s'opposent notamment à la politique d'« ivoirité » introduite sous la présidence Bédié, mais dont les dirigeants en place ont largement contribué au développement notamment dans l'administration et dans l'armée41.

Accords de Marcoussis

Article détaillé : Accords Kléber.

Après plusieurs mois de combats, les accords de paix Kléber sont ratifiés par les principaux partis politiques ivoiriens et la rébellion, à Marcoussis, en France. Une force de paix française (Opération Licorne) se déploie pour patrouiller dans une zone de cessez-le-feu. D'après les termes de l'accord, Gbagbo doit rester en fonction (alors que les rebelles ont précédemment exigé sa démission), un gouvernement de réconciliation doit être formé avec un premier ministre « neutre » et le désarmement des rebelles doit être accompli. Ce gouvernement inclut le FPI, l'opposition civile et des représentants des groupes rebelles. De plus, des lois doivent être votées afin de satisfaire aux exigences de l'accord.

L'Organisation des Nations unies délègue à une force d'interposition, l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), la responsabilité d'accompagner un apaisement de la situation en lieu et place de l'opération Licorne.

Remises en cause des accords

En novembre 2004, huit lois d'apaisement sur les dix-sept prévues sont effectivement votées.

Dans la première semaine du mois de novembre 2004, Laurent Gbagbo lance une offensive dans le secteur des villes rebelles de Bouaké et Korhogo. En réaction, la France demande le 5 novembre au Conseil de sécurité des Nations unies une extension du mandat de l'ONUCI afin qu'elle puisse s'interposer militairement aux combats entre forces gouvernementales et rebelles. Le 6 novembre, les bombardements opérés par l'armée ivoirienne sur la zone de confiance[Quoi ?], notamment à Man et Bouaké font neuf morts parmi les soldats français. En riposte, l'armée française détruit deux avions de type Soukhoï 25 et les hélicoptères MI-24.

Son mandat prenant théoriquement fin en 2005, Gbagbo fera repousser d'année en année le scrutin présidentiel prévu et ne cessera dès lors de manœuvrer pour tenter de se maintenir au pouvoir à tout prix.

Manifestations violentes

Des manifestations débutent le 6 novembre, une heure trente après le bombardement de Bouaké, en s'accompagnant de pillages. Elles se tournent d'abord vers l'aéroport et l'hôtel Ivoire durant le week-end, ainsi que devant la base française, avant de se diriger en début de semaine en direction du pont Général-de-Gaulle, permettant de relier le nord de la ville à l'aéroport et au 43e BIMA.

En décembre 2006, Laurent Gbagbo a écrit à Kofi Annan, secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, pour lui demander de rappeler son représentant spécial, le Suédois Pierre Schori, en poste depuis avril 2005, date à laquelle il avait pris la succession du Béninois Albert Tévoédjrè42.

Accord de Ouagadougou

Article détaillé : Accord de Ouagadougou (2007).

Du 5 février au 3 mars 2007 ont lieu à Ouagadougou des rencontres entre les délégations des différentes parties. Un accord politique est signé le 4 mars par Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et le président burkinabé Blaise Compaoré, qui a joué le rôle de facilitateur.

En conséquence de cet accord, Gbagbo nomme Guillaume Soro comme premier ministre le 29 mars, lequel déclare, dans une adresse à la nation le 13 avril43, savoir « gré au Président Laurent Gbagbo pour avoir pris l'initiative du dialogue direct » et « demande Pardon pour tous et au nom de tous ». « Nous devons à présent apprendre à pardonner », déclare-t-il également. Dans la foulée, Laurent Gbagbo signe le 12 avril une mesure d'amnistie via l'ordonnance 2007-457.

Élection présidentielle de 2010

Déroulement

Au premier tour, il arrive en tête avec 38,04 % des suffrages exprimés, devant Alassane Ouattara qui en obtient 32,07 % et l'ex-président Henri Konan Bédié (25,24 %). Tous les pays félicitent les Ivoiriens pour leur forte participation (seulement 16 % d'abstentions). La répartition ethnique a imprimé sa marque à la carte des résultats : les Malinké, Sénoufos et Dioulas constituant la quasi-totalité des électeurs du Nord-Ouest accordent presque tous leurs suffrages à Ouattara, tandis que le centre du pays, peuplé essentiellement de Baoulés, accorde une nette majorité à l'ex-président Bédié ; en revanche, le sud du pays, plus mélangé ethniquement à cause des migrations internes récentes, notamment à destination du prospère pays krou du sud-ouest, livre un vote moins massif quoique majoritaire en faveur du président sortant. Seuls les deux candidats ayant obtenu le plus de suffrages peuvent se maintenir pour le second tour. En tant qu'ancien « houphouettiste », l'ex-président Bédié appelle alors ses électeurs à se reporter sur Alassane Ouattara. Le second tour se passe dans le calme. Le 2 décembre 2010, la commission électorale indépendante (CEI), en majorité composée des membres du RHDP, s'apprête à proclamer les résultats provisoires, quand des membres de cette commission favorables au président sortant contestent à l'avance les résultats, appuyés par des militants de Gbagbo qui interrompent physiquement les opérations. Après ces incidents, des chiffres sont communiqués après le délai de 3 jours prévu par la constitution ivoirienne à l’hôtel du Golf QG du candidat Alassane Ouattara par le président de la CEI (Commission électorale indépendante) escorté de deux ambassadeurs des pays occidentaux (le porte-parole de la CEI avait été empêché physiquement de proclamer les résultats partiels, par un autre membre de la commission partisan de Laurent Gbagbo, le 30 novembre), donnant vainqueur Alassane Ouattara avec 54,1 % des voix44. Mais le Conseil constitutionnel, entièrement nommé par le président en place, déclare que les résultats de la CEI sont invalides et annonce des résultats donnant Laurent Gbagbo victorieux après analyse des recours déposés par les partisans de ce dernier, le 3 décembre45. La représentante de la diplomatie de l'Union européenne, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, les présidents Barack Obama et Nicolas Sarkozy considèrent pour leur part que le vainqueur de l'élection est Alassane Ouattara46.

Laurent Gbagbo est investi le 4 décembre 2010 à Abidjan (Yamoussoukro étant la véritable capitale politique) en présence de deux représentants de pays étrangers : l'Angola et le Liban, présents à titre personnel et non diplomatique. Le premier ministre Guillaume Soro, qui ne le reconnaît plus comme chef de l'État, remet donc sa démission à Alassane Ouattara, qu'il a reconnu comme Président, et celle de son gouvernement le 4 décembre 201047. Soro est aussitôt « reconduit » dans ses fonctions par Alassane Ouattara, qui a également prêté serment « en qualité de président de la République de Côte d'Ivoire »48.

Le 6 décembre, Gbagbo nomme un de ses proches, le président de l'université de Cocody, le principal établissement universitaire d'Abidjan, Gilbert Marie N'gbo Aké, au poste de Premier ministre49.

Tensions après l’élection

Article détaillé : Crise ivoirienne de 2010-2011.

Malgré l'isolement croissant de son régime sur la scène internationale (l'Angola prônant toutefois la « non-ingérence de la communauté internationale dans les divergences électorales en Côte d'Ivoire »50), Laurent Gbagbo cherche à rester au pouvoir. Il interdit la parution de journaux favorables à Ouattara51 et place sous la surveillance de l'armée le siège de la Radiodiffusion-Télévision ivoirienne (RTI), tandis que Ouattarra appelle à « marcher sur la RTI et le siège du gouvernement »52.

Le 21 décembre, lors de sa première allocution télévisée depuis son investiture, Gbagbo se réaffirme président mais propose la création d'un « comité d'évaluation international » pour sortir de la crise53. Le lendemain, Guillaume Soro, premier ministre de Ouattara, appelle la communauté internationale à recourir à la force contre Gbagbo54.

Des témoignages font état de 50 morts et plus de 200 blessés dénombrés au 19 décembre 2010, ainsi que d'enlèvements effectués par des bandes armées accompagnées par des éléments des forces de sécurité55. La haute-commissaire adjointe aux droits de l'homme de l'ONU estime que « 173 meurtres, 90 cas de tortures et de mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées ou involontaires » sont attribuables aux partisans de Laurent Gbagbo en cinq jours seulement56,57.

Cette situation inextricable débouche sur une reprise des combats entre l'armée régulière et les Forces nouvelles proOuattara, d'abord à Abidjan à la fin-février 2011, puis dans le reste du pays au début mars, que les troupes de son adversaire conquièrent en quelques jours.

Le 31 mars 2011, Abidjan est encerclé. Les défections se multiplient en quelques heures : l'armée et la gendarmerie le lâchent. Parmi eux, le général Philippe Mangou, qui se réfugie avec sa famille à l'ambassade d'Afrique du Sud après avoir tenté de convaincre Laurent Gbagbo de céder le pouvoir, sans succès58.

Laurent Gbagbo et son épouse se retranchent alors au Palais présidentiel d'Abidjan, protégés par un dernier carré de fidèles formé notamment par les troupes d'élite de l'armée ivoirienne59.

Arrestation et détention

Le 11 avril 2011, après dix jours de combats à Abidjan et de bombardement de la résidence présidentielle par les forces spéciales françaises de la Force Licorne et l'ONUCI, Laurent Gbagbo est arrêté en compagnie de son épouse Simone par les forces d'Alassane Ouattara60,61. Il est placé en état d'arrestation à l'Hôtel du Golf, quartier général de Ouattara62,63, puis transféré à Korhogo, dans le nord du pays, où il a été assigné à résidence64 (son épouse sera, quelques jours plus tard, placée à son tour en résidence surveillée à Odienné, une autre localité du nord ivoirien65). Le 18 août 2011, il est inculpé et placé en détention préventive pour « crimes économiques » (« vol aggravé, détournement de deniers publics, concussion, pillage et atteinte à l'économie nationale »)66.

Incarcération à La Haye

À partir du 30 novembre 2011, à la suite de son inculpation par la Cour pénale internationale pour quatre chefs d'accusation de crimes contre l'humanité, il est incarcéré au centre de détention de la CPI, à La Haye (Pays-Bas)67. Il comparaît pour la première fois devant la CPI le 5 décembre suivant.

Depuis son arrestation, ses partisans réclament régulièrement sa libération68.

En février 2013, la chambre préliminaire de la CPI estime que le dossier de la procureure générale Fatou Bensouda est « trop largement fondé sur des rapports d'ONG et des articles de presse » et demande que des éléments de preuve supplémentaires soient apportés. En 2014, après l'audition d'une centaine de témoins, le dossier contre Gbagbo comporte 22 000 « pages de preuves ». La majorité des trois juges les déclarent recevables, la juge belge Christine Van Den Wyngaert considérant que le problème « concernant l'utilisation d'ouï-dire anonymes demeure », ce que les avocats de l'ancien président comptent exploiter
lors du procès attendu fin 2015 ou courant 201669,70,71.
SOURCE WIKIPEDIA

 

 
   
 
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